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Comment aider le père ou le co-parent à trouver sa place durant la naissance ? Quelles préparations existent ? LMDM et un gynécologue font le point.
Fréderic est l’heureux papa de Zoé, 8 mois. Si aujourd’hui, il se sent très épanoui dans son rôle de père, ça n’a pas été le cas lors de l’accouchement de sa compagne : « Je n’avais eu aucune préparation avant le jour J. Je me sentais de trop, quelque peu paniqué et maladroit. Je ne savais pas comment aider ma conjointe durant son accouchement ». Absents, paniqués, en retrait ou encore perdus… autant de sensations que peuvent ressentir les futurs papas ou co-parents lors de l’accouchement.
Assister ou non à l’accouchement ?
Tout d’abord, il est important pour un couple en attente d’un bébé d’appréhender le jour de l’accouchement. Et du côté du père ou co-parent, une question s’impose : va-t-il.elle assister à l’accouchement ?
Évidemment, les maternités acceptent la présence du papa ou co-parent lors de la naissance. En cas de césarienne de la mère, certains établissements tolèrent la présence du conjoint.e. Mais la présence du père ou co-parent doit être mûrement discuté à deux. Il est important qu’il n’y ait aucune culpabilité des deux côtés selon le choix décidé. Le rôle du compagnon durant l’accouchement consiste, en premier lieu, à rassurer la maman, la sécuriser.
Se mettre en condition avant l’accouchement
Si le futur père ou co-parent compte assister à l’accouchement, de plus en plus de maternités font en sorte de le préparer au mieux. Beaucoup d’entre eux sont désireux de pouvoir être actif le jour J et pouvoir aider la mère durant l’accouchement.
Pour ce faire, il existe les préparations à l’accouchement. Que ce soit en maternité ou avec une sage-femme libérale, la plupart des préparations sont ouvertes aux papas et co-parents. Dans une préparation dite classique, il n’est pas seulement question d’accouchement. Les sages-femmes vont aussi parler de parentalité, des bonnes pratiques avec un nouveau-né ou encore de la place du couple. Des changements auxquels le père ou co-parent doit aussi être informé.
Elles préparent aussi le père ou co-parent aux différents aspects de l’accouchement : les instruments, les opérations, les complications éventuelles. Tous ces conseils qui permettront le jour de la naissance au papa ou co-parent d’être plus serein.
Il est aussi possible pour les couples de prendre des cours d’haptonomie. Dans ces préparations, le père ou co-parent va pouvoir à travers le toucher du ventre de sa compagne, sentir l’enfant se déplacer. Et ainsi, de lier une relation avec le bébé in utéro.
Certaines maternités proposent des groupes de parole pour les futurs pères et co-parent. C’est le cas dans la Maternité des Hôpitaux de St-Maurice dans le Val-de-Marne. C’est dans ce lieu qu’officie le Dr Fréderic Pachy, gynécologue obstétricien. Très impliqué dans ces préparations conçues pour les jeunes pères, il explique :
« Ce sont des groupes de papas uniquement. Dans ces séances, les discussions sont totalement libres. Il y a beaucoup de questions centrées sur le jour de l’accouchement, les raisons pour lesquelles ils doivent se présenter à la maternité, à quel endroit, comment ça se passe, quelles sont les complications possibles, comment ils peuvent aider…
Ensuite, les discussions portent sur l’arrivée du bébé, de l’allaitement, du biberon… C’est l’occasion de donner des conseils. Je pars de ma propre expérience puisque j’ai trois enfants dont un bébé de 7 mois. Je leur fais visiter la salle d’accouchement. Ils se familiarisent avec les lieux et les instruments.
Finalement, les papas qui ont assisté aux groupes de paroles sont beaucoup plus détendus et « en avant » au moment de l’accouchement. Ceux qui n’ont pas fait de préparation de ce genre n’arrivent pas forcément à trouver leur place. On le constate de manière assez franche. »
La plupart des maternités organisent ce type de réunions mais sans pour autant communiquer suffisamment d’après notre spécialiste. C’est pour cela qu’en 2016, son établissement a créé le label « Maternité amie des papas » :
« C’est un moyen de reconnaitre les maternités dans lesquelles la place du père est mise en avant. On a créé un label pour cela. Les maternités candidates doivent remplir la charte : il faut une activité gratuite de groupes de parole, les papas peuvent dormir sur place, on leur offre le petit-déjeuner, les papas sont acceptés au bloc pour les césariennes… C’est tout un projet de service qu’on valide pour labéliser la maternité ».
Enfin, il existe « L’Atelier » du futur papa, qui est une formation payante. Elle existe dans plusieurs villes de France comme Paris, Caen, Rouen, Amiens, Lille, Bordeaux ou encore Lyon.
Le rôle du père ou co-parent pendant la naissance
Lors de l’accouchement, le père ou co-parent va avoir un rôle important auprès de sa compagne. En priorité, il va devoir rester à ses côtés pour la rassurer. Il est important que l’équipe médicale inclue le père ou co-parent quand cela est possible. Évidemment, en cas de complications, c’est différent.
Le Dr Pachy nous explique ce que le personnel de la Maternité St-Maurice met en place lors de la naissance. Tout d’abord, il y a ce rôle très important de soutien :
« On explique au papa qu’il doit rester à côté de sa femme, lui tenir la main : c’est très important car elle sent qu’elle n’est pas toute seule mais soutenue. Et on lui montre aussi comment masser le dos d’une femme enceinte qui n’a pas encore de péridurale. »
L’équipe implique aussi le père ou co-parent lors du travail afin qu’il puisse être actif dans ce moment particulier :
« Quand la maman est sur la table avec la péridurale, elle est soulagée au niveau de la douleur mais elle peut avoir besoin de quelque chose, donc le papa fait le lien entre l’équipe et la maman. On a un système de surveillance avec moniteur donc on n’a pas forcément besoin d’être dans la salle non-stop avec la patiente. Du coup la maman n’a pas la sage-femme sous la main en continu. Il est expliqué au papa qu’il doit faire le lien : c’est un moyen pour le père de se sentir utile. »
Et enfin, le spécialiste précise le rôle fondamental que le père ou co-parent peut avoir lorsque l’enfant vient au monde :
« Au moment de la sortie de l’enfant, les équipes font participer le papa. Lorsque la tête du bébé est sortie, on dit au couple de tendre les bras devant, entre les jambes de la maman. Et à 4 mains ils finissent l’accouchement, ils sortent le bébé en l’attrapant sous les épaules. C’est un premier contact avec le bébé qui se fait à ce moment là. On fait participer les pères qui le souhaitent, car certains sont trop angoissés ».
Et quand arrive le nouveau-né, certains pères ou co-parents demandent à pouvoir couper le cordon ombilical. Une image symbolique, vécue par de nombreux nouveaux pères selon le Dr Pachy :
« Symboliquement, le papa libère cet enfant de sa mère. Ils demandent quasiment tous à le faire. D’ailleurs, on les incite à le faire. Il faut montrer que ce n’est pas dangereux. Il faut dédramatiser le geste en expliquant que ça ne fait pas mal au bébé. On propose aussi un peau à peau quand le bébé est né (à la maman et au papa) ».
Révolue, donc, l’époque où le père ou co-parent faisait les quatre cent pas devant la salle d’accouchement en attendant la naissance. À présent, les futurs papas ou co-parent peuvent s’impliquer et se sentir utile lors de l’accouchement.