Des clés pour apprivoiser sa paternité

Comment se prépare-t-on à être père ? Comment vit-on la grossesse ? Focus sur ces hommes qui prennent conscience de leur nouveau rôle.

Se sentir papa durant la grossesse

Si un futur papa peut se réjouir de la naissance prochaine de son enfant, l’investissement du rôle de père ne va pas forcément venir tout de suite. Ce sentiment varie d’un homme à l’autre.  Certains s’impliquent très vite dans la grossesse de leur femme tandis que d’autres ont le déclic lors de l’accouchement, comme l’explique Gerard Strouk, gynécologue obstétricien et animateur de groupes de parole pour les futurs pères :

« Je pense que le désir d’enfant chez l’homme est quand même bien inférieur à celui de la femme. Il y a des exceptions. Un papa est venu me consulter tout seul car le couple n’arrivait pas à faire un bébé alors que normalement c’est le couple qui se présente ou la femme seule. Souvent les hommes font un enfant par amour car la femme a envie, pour faire plaisir. Cela ne les empêche cependant pas d’être des super pères. J’anime des groupes de papas, et parfois ils ont du mal à trouver des raisons à leur envie d’enfant : « Pour perpétuer mon nom » ; « Pour perpétuer la lignée » ; « Je veux être le père que je n’ai pas eu »… »

La différence majeure entre le futur père et la future mère est que les premières étapes de grossesse demeurent abstraites pour l’homme car il n’a pas de symptômes physiques.

Au cours de la grossesse, il existe plusieurs phases durant lesquelles le futur père peut voir son rôle apparaître. En assistant, par exemple, aux échographies, qui lui permettent de suivre l’évolution et la croissance du fœtus. Le contact charnel, lorsqu’il pose sa main sur le ventre de sa compagne, peut aussi aider l’homme à prendre conscience de la présence de son enfant. Il peut aussi prendre part aux préparations à l’accouchement : les séances d’haptonomie, entre autres, permettent aux papas de tisser des liens avec leur future progéniture. Visiter la maternité et les salles de naissances lorsque la structure le propose est également un bon moyen de se préparer au grand jour. 

L’accouchement, déclic ou non ?

Le jour de l’accouchement peut être anticipé par la maman comme par le papa. La question de la présence ou non du père va se poser assez tôt. Les compagnons sont admis dans les salles d’accouchement, ils peuvent donc y assister et y prendre part. Mais ils ne doivent pas seulement être présents, ils doivent aussi participer à la naissance. L’important est de respecter la demande de la maman qui accouche, comme le rappelle l’expert :

« C’est important d’en parler avant, notamment dans les groupes de parole. Quand les futurs pères sont préparés cela se passe super bien. S’ils sont dans un coin ou à l’extérieur ce sera pire que s’ils ont vécu le moment de la naissance charnellement et physiquement. »

L’impact psychologique de l’arrivée du bébé est important pour le couple. Lionel, jeune papa de Mathys (2 ans et demi) raconte :

« Le bébé ne respirait pas au départ car il avait eu le cordon enroulé autour du cou. Il a ensuite été mis dans une sorte de couveuse, je lui ai accroché la main, j’ai essayé de le rassurer. Et à un moment donné, j’ai vu son regard comme s’il me regardait, et là j’ai senti cette filiation père-fils. Ce bout de chou vulnérable qui a lutté pour arriver dans ce monde est dépendant de moi, sous ma responsabilité.

Là j’ai senti quelque chose comme un éclair, quelque chose qui m’a traversé par le regard, j’ai eu les jambes qui tremblaient, à la limite de l’évanouissement. Je me suis dit : « Petit bonhomme, je suis ton père, je ferai tout pour que rien ne t’arrive dans la vie ». J’ai encore l’instant gravé dans ma mémoire, et je suis ému de le raconter. En tout cas le sentiment de filiation a été immédiat. Quand je l’ai vu, même s’il était tout fripé, tout moche, avec des yeux globuleux… je me suis dit c’est le mien ! »

Ça y est, je suis papa !

L’accouchement est passé, le papa tient son enfant dans ses bras. Ces premiers instants bouleversent tout. Il y a le séjour à la maternité puis vient le retour à la maison. C’est là que la femme doit donner un rôle au père, comme le conseille Gérard Strouk : 

« D’abord, c’est important que la mère donne une place au père, il faut qu’elle montre qu’elle a besoin du papa. Pour que le père s’attache, il faut lui laisser le temps, lui demander des choses. Même s’il ne fait pas bien, il faut le laisser faire. Même si quand il prend le nourrisson, sa tête penche, elle doit lui donner le bébé, le laisser le laver, le changer. »

Parfois, le retour à la vie professionnel est aussi difficile à gérer. Le papa a l’impression de louper des instants avec le bébé. Il est important que l’homme, au retour du travail, prenne du temps avec son enfant. Des heures cruciales pour eux d’après le docteur :

« Ces quelques heures sont très importantes car ce rythme va être un repère pour le bébé. Il va reconnaître votre pas, votre voix quand vous arrivez. Le lien se construit ensuite assez rapidement. Souvent les papas s’inquiètent, surtout quand la maman allaite, ils se disent : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? ». La nuit vous pouvez vous lever, le mettre au sein, participer. Jouer avec lui aussi, lui parler, participer à son éveil ».

À cela, il ne faut pas oublier le congé paternité. Ce moment de pause va permettre aux futurs papas de ne pas louper les premiers jours vie de son enfant. Notre spécialiste conseille de prendre ce congé assez rapidement pour ces raisons.

Source : La Maison des Maternelles – France TV