Que disent les pleurs de mon bébé ?

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Est-il fatigué ? Veut-il manger ? Dois-je changer sa couche ? A-t-il mal ? Notre experte, Kristell Guével, médecin de PMI à Paris, vous aide à décrypter les pleurs du bébé pour pouvoir mieux y répondre.

LMDM – Est-ce qu’un nourrisson a toujours une bonne raison de pleurer ?

Kristell Guével – Oui. C’est un de ses moyens d’expression. Il en a d’autres, mais ce dernier va lui permettre d’exprimer un inconfort : il a froid, faim, sommeil. Il peut aussi exprimer à l’aide des pleurs un besoin de réconfort : l’envie d’être dans les bras, d’être rassuré. Mais il se peut aussi que le bébé ait mal et que ce soit son moyen de l’exprimer.

Pourquoi certains bébés pleurent-ils particulièrement le soir ou la nuit ?

Il faut toujours aller voir son médecin pour vérifier que tout va bien et que l’enfant n’a pas une pathologie clinique, qu’il grandit bien, qu’il se développe bien. Et si tout va bien, cela peut probablement être des pleurs du soir. C’est ce que l’on appelait les coliques du nourrisson et que l’on appelle aujourd’hui, les pleurs de décharge, qui correspondent à ces pleurs prolongés, que l’on a du mal à calmer et qui surviennent plutôt le soir.

Donc quand on parle de colique en fait ce sont des pleurs de décharge ?

Oui ! Avant on appelait cela colique car l’on pensait que ces pleurs étaient dus à des problèmes digestifs mais aujourd’hui nous savons que les pleurs du soir sont dus à l’accumulation de toutes les informations de la journée et à un besoin de décharger cette tension. Cela peut durer jusqu’à 3 mois, et il peut y avoir un pic à 6 semaines.

Comment aider le bébé à passer les crises de pleurs de décharge ?

Vous pouvez le mettre en peau à peau, le porter en écharpe ou bien regroupé contre vous. Et même si cela n’est pas toujours évident en pleine nuit ou à 5 heures du matin, la promenade est un très bon moyen pour calmer votre bébé.

Quand peut-on parler de pleurs excessifs ?

Il y a une belle théorie qui dit : plus de 3 heures par jour, 3 fois par semaine, pendant 3 semaines. Après les parents ne vont pas faire un tableau Excel des pleurs de leur bébé et on ne va pas leur demander d’attendre 3 semaines s’ils sont inquiets. En fait les pleurs excessifs ce sont les pleurs qui rendent les parents inquiets et démunis et qui vont les pousser à consulter.

Peut-on décrypter les pleurs du bébé ou en attribuer certain à des situations particulières ?

Je suis un peu sceptique. C’est vrai qu’il y a des pleurs différents selon chaque besoin mais chaque bébé est différent. C’est au parent de s’accorder à son enfant et surtout de l’observer. Car l’enfant va souvent accompagner ses pleurs de mimiques.

Premiers signesPremiers signes

Signes intermédiairesSignes intermédiaires

Doit-on laisser pleurer le bébé ? Au moins un tout petit peu ?

Non on ne laisse pas pleurer un bébé. Il exprime quelque chose donc il faut aller voir ce que s’est. Ensuite il faut savoir qu’un bébé de 3, 4 mois peut avoir besoin de pleurer pour s’endormir. C’est une façon pour lui de s’apaiser et de trouver les ressources pour s’endormir. Si on le prend à ce moment-là on risque de casser ce rituel. On préfèrera peut-être aller lui parler, poser une main sur son ventre. Mais ne pas le laisser seul avec sa détresse.  

Comment gérer le regard des autres et les conseils ?

Il ne faut pas les écouter. Si l’on vous dit qu’il faut laisser pleurer votre bébé, que ça lui fera les poumons ou que c’est un caprice, n’en tenez pas compte. Essayez d’en faire abstraction et de vous faire confiance car vous savez ce qui est bon pour votre enfant.

Quelles positions peuvent aider à calmer les pleurs ?

On peut le regrouper sur lui-même, le prendre à califourchon sur son bras et le bercer. On peut aussi faire des squats car cela va reproduire les mouvements que le bébé a connu dans le ventre de sa maman.

Est-ce que le coparent a un rôle spécifique à jouer ?

Chacun doit trouver sa place ce qui n’est pas facile. D’autant qu’au début la relation est assez duelle entre la maman et le bébé. Le rôle du coparent peut alors être dans la réassurance auprès de la mère et de l’enfant et un rôle de relai.

Que faire quand l’on n’en peut plus ?

L’idée est de ne pas arriver à ce moment. Il faut s’organiser des moments durant lesquels on va pouvoir dormir, se reposer, passer une nuit complète. Il faut installer des relais dès le départ. Et si à un moment on n’en peut plus, de par la fatigue qui s’installe, on pose son bébé dans le lit de façon sécurisée et on va hurler dans la pièce d’à côté. On décharge et après ça ira mieux donc on y retourne. Vous pouvez aussi contacter la PMI qui peut proposer des solutions avec des techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF) qui se rendent au domicile et soulagent les parents en donnant le bain à l’enfant…

Source : La Maison des Maternelles – France TV