Élever une fratrie : « Il faut valoriser les atouts de chacun »

Getting your Trinity Audio player ready...

Emmanuelle Rigon est psychologue clinicienne et psychothérapeute. Elle délivre, pour LMDM, ses conseils sur le rôle que les parents peuvent jouer au sein d’une fratrie.  

LMDM Est-ce que ce que l’on a vécu au sein de notre fratrie peut influencer nos désirs de famille ?

Emmanuelle Rigon – Oui bien sûr, c’est souvent tout ou rien. Les gens issus de familles nombreuses ont une position arrêtée sur la famille qu’ils veulent pour eux. Soit ils reproduisent le schéma soit à l’inverse, ils ne veulent qu’un seul enfant, voire pas d’enfant du tout car ils ont pâti de la situation. Ils ont pu, par exemple, être des aînés très sollicités et pour certains ça a été lourd.

N’inculquons-nous pas une éducation différente à nos enfants en fonction de leur place dans la fratrie ?  

Je ne pense pas qu’on soit plus stricte avec l’aîné. On débute notre carrière de parents. L’aîné nous fait parents. C’est vrai que les suivants bénéficient de l’expérience acquise avec le premier. On se casse moins la tête sur certaines choses avec les suivants, mais on n’est pas forcément plus stricte avec l’aîné, car si on n’est pas le même parent avec chacun de ses enfants on garde sa ligne de conduite en terme d’éducation. Les parents tiennent le cap.

Est ce qu’il y a un bon écart d’âge pour que chacun trouve sa place ?

Il n’y a pas de règles sur l’écart d’âge. Si l’enfant arrive très rapidement après le premier, la relation ne sera pas la même que s’il y a un grand écart. Avec un écart d’âge important, l’aîné se sent moins en concurrence mais on peut aussi voir une régression s’opérer.

Si les enfants sont d’âge rapproché, il ne faut pas les considérer comme des jumeaux. Il y a l’aîné malgré tout, même s’ils partagent les mêmes activités. C’est important de les différencier.

Souvent lorsque les enfants ont moins de 2 ans d’écart, ils sont très différents dans leurs personnalités. Et finalement, je trouve que 3 ou 4 ans d’écart c’est assez complexe car l’enfant entre dans une période oedipienne.

Quels signes pourraient signifier qu’un enfant ne trouve pas sa place dans la fratrie ?

Les signes de malaise à trouver sa place dans la fratrie sont très variables, et généralement bien visibles, souvent :

  • Irritabilité,
  • Colères,
  • Plaintes sur les préférences des parents,
  • Agressivité forte vis à vis des frères et soeurs…

Quels conseils avez-vous à donner aux parents pour qu’ils puissent aider leurs enfants à trouver leur place dans la fratrie ?

Il faut valoriser les atouts de chacun, renforcer à la fois ce qui permet de se démarquer pour renforcer la singularité, mais aussi ce qui fait que l’on se ressemble pour renforcer le sentiment d’appartenance positive à une fratrie et à une famille.

Il ne faut pas leur attribuer une place figée. Il ne faut pas définir les enfants en fonction de leur ordre d’arrivée mais de leur personnalité, singularité.

Source : La Maison des Maternelles – France TV