Tout comprendre sur le Syndrome du bébé secoué

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Dr Caroline Rey-Salmon, pédiatre, médecin légiste aux Urgences médico-judicaires de l’Hôtel Dieu à Paris, experte pour la Cour d’appel de Paris et agréé par la Cour de cassation, répond à nos questions. 

LMDM – Comment définir le syndrome du bébé secoué, et quel est l’âge des enfants concernés ?

Dr Caroline Rey-Salmon : Le SDS (Syndrome du bébé secoué) est un traumatisme crânien, non accidentel qui est provoqué par un adulte qui est souvent excédé par un bébé, qui va l’empoigner, et le secouer extrêmement violemment. Les enfants ont entre 4 et 8 mois majoritairement. Beaucoup de gens confondent ce geste avec un geste de la vie quotidienne de jeu : ça n’a rien à voir ! Par exemple, quand vous voyez un parent jouer avec son bébé en le lançant en l’air, les bras accompagnent le mouvement. Il n’y a pas de mouvements brutaux de la tête ! Les jeux ne sont pas responsables de traumatismes crâniens. Le Syndrome du bébé secoué n’est pas un jeu, ni une chute, ni un geste de la vie quotidienne. C’est très violent et c’est une maltraitance.

Je suis la maman d’un enfant qui a été secoué. Des personnes suspectées d’être à l’origine d’un SBS évoquent un malaise préalable du bébé et une volonté de les secourir justifiant les manipulations violentes. Les lésions cérébrales retrouvées dans le SBS peuvent-elles résulter de manœuvres de réanimation comme elles le prétendent ? 

Non absolument pas ! Ce n’est pas le même geste. Si vous voyez quelqu’un faire un malaise, vous n’allez pas le secouer d’avant en arrière ! On va lui donner des petites tapes sur les joues, on va tenter de lui faire reprendre ses esprits, mais on ne va pas le secouer. C’est pareil pour un bébé. C’est une manière pour ces personnes de ne pas reconnaître le geste qu’elles ont eu envers l’enfant. 

On parle souvent des assistantes maternelles dans les histoires de bébés secoués. Qui sont les principaux responsables du syndrome du bébé secoué ? 

Comme dans l’histoire de Marie, on a bien vu que ça peut être un tiers qui est en charge de l’enfant. C’est toujours quelqu’un qui est seul avec l’enfant sans témoin autour. Et ça peut être les parents aussi. Souvent, les personnes n’imaginent pas des conséquences que cela aura sur l’enfant. Pourtant, 1 enfant sur 10 va décéder. 75% des survivants vont avoir des séquelles importantes.

Comment reconnaître un enfant qui a été secoué ? 

C’est une question difficile car il y a tout un éventail de signes que l’on peut observer, des signes évidents lorsque le bébé fait un malaise puis un coma comme dans le cas de Rose, ce qui a alerté sur les origines, et surtout lorsque l’on voit les lésions intracrâniennes à la prise en charge. Mais parfois, ce sont des signes plus subtils auxquels on ne penserait pas forcément comme un bébé qui mange moins bien, qui ne pleure plus, se réveille beaucoup, amorphe, moins compétent sur le plan psychomoteur, qui ne joue plus, n’interagît plus… Et là ce sont des signes plus difficiles pour définir l’origine. Des vomissements sans fièvre et sans diarrhée. Une augmentation du périmètre crânien qui se fait plus rapidement. Au moindre doute, il faut consulter un médecin.

Je suis étudiante en médecine. Quels sont les principaux messages de préventions qu’il faut donner aux parents pour que ces drames n’arrivent plus ? 

Le principal message de prévention que j’aurais ne s’appuie pas sur le SBS, mais sur la gestion des pleurs des bébés. Car le facteur le plus fréquent déclenchant des secousses, ce sont souvent les pleurs. Il faut expliquer aux jeunes parents, qu’un bébé, ça pleure, il ne peut s’exprimer autrement. Que les pleurs vont être parfois difficiles à gérer, et que ce n’est pas pour ça qu’on est un mauvais parent.

Alors quand on l’a nourri, câliné, changé, et qu’il continue à pleurer, et qu’on est épuisé, que ça nous exaspère, il vaut mieux le mettre au lit sur le dos, se mettre à l’écart, fermer la porte, et reprendre ses esprits. C’est le moment d’appeler de l’aide : une voisine, une maman, la PMI, une amie… Demander que quelqu’un puisse prendre le relai. Un bébé n’aura pas de séquelles graves de pleurer dans son lit.

Source : La Maison des Maternelles